Le caporal Joseph Dauphin,
Photo de famille, dr
Photo de famille, dr
10 Novembre 2017
Rien ne prédisposait le caporal Dauphin à
Né à Tauves, une bourgade d'Auvergne, dans une famille de dix enfants, Joseph Dauphin est paysan, à ses heures cantonnier du hameau voisin. Il a 32 ans lorsque la guerre éclate en août 1914 ; marié et père d'un jeune fils.
Cela ne l'empêche pas d'être envoyé au front, 70ème bataillon de chasseurs à pied, matricule 1507, où il se distingue par son courage.
Promu caporal pour « sa belle conduite au feu », Croix de guerre avec étoile de bronze. Trois citations : il a « tenu un fossé jusqu'à épuisement des munitions », secouru un officier blessé près des lignes ennemies, s'est une autre fois « élancé à l'assaut avec courage malgré le tir intense » de ceux d'en face.
En juin 17, peu après la boucherie du Chemin des Dames, son bataillon se voit refuser une permission très espérée. Colère. Avec d'autres et un peu sous l'effet de l'alcool largement distribuée dans l'armée, le caporal s'insurge. Quelques coup de feu sont tirés en l'air. Des « propos séditieux » sont lancés.
Dauphin est arrêté. Un peu naïf, il se dit que c'est bien fichu pour sa permission. C'est en réalité le conseil de guerre qui l'attend. Peu ou mal défendu, son cas sans doute aggravé par son maigre grade, il est condamné à mort plus pour l'exemple que pour son pauvre crime le 6 juin. Le 12 juin à l'aube, il est fusillé à la ferme de Fété (Aisnes). «L'exécution se passa sans incident », note le Journal de marche du 70ème bataillon.
Compagnon de Tauves incorporé dans le même régiment, François Brugière, a été désigné pour faire partie du peloton d'exécution. Il a refusé : « si l'on m'oblige à tirer, la balle ne sera pas pour mon camarade mais pour le commandant du peloton ». Il sait, lui, ce qui l'attend. Envoyé dans un bagne militaire d'Algérie, il y meurt d'épuisement deux mois plus tard.